Les souvenir sont bien davantage que des mots ou des récits figés
Introduction
Nos souvenirs ne sont pas de simples récits stockés dans notre mémoire. Ils sont une mosaïque complexe d'émotions, de sensations et d'images qui se combinent pour créer une expérience unique et un récit différent à chaque remémoration.
Les souvenirs ne sont d’ailleurs pas stockés dans une seule partie du cerveau, mais plutôt dans un réseau de neurones répartis dans différentes régions du cerveau.
Les zones les plus importantes pour la mémoire sont les suivantes :
- L’hippocampe est une structure du lobe temporal médian qui joue un rôle central dans la formation de nouveaux souvenirs. Il est responsable de l'encodage des informations, c'est-à-dire de leur transformation en un format que le cerveau peut stocker.
- Le cortex entorhinal est une région du lobe temporal médian qui est connectée à l'hippocampe et au cortex cérébral. Il est responsable de la consolidation et de l’enracinement des souvenirs.
- Le cortex cérébral est la couche externe du cerveau. Il est responsable du stockage des souvenirs à long terme. Mais différentes régions du cortex cérébral stockent différents types de souvenirs :
- Le lobe temporal médian stocke les souvenirs autobiographiques, c'est-à-dire les souvenirs de nos propres expériences.
- Le lobe temporal latéral stocke les souvenirs sensoriels, c'est-à-dire les souvenirs de ce que nous avons vu, entendu, senti, goûté et touché.
- Le lobe pariétal stocke les souvenirs spatiaux, c'est-à-dire les souvenirs de notre environnement et de la façon de nous y déplacer.
- Le lobe frontal: stocke les souvenirs de travail, c'est-à-dire les informations que nous utilisons en ce moment.
- Le cervelet est une structure située à l'arrière du cerveau qui est responsable de la coordination des mouvements et de l'apprentissage moteur. Il joue également un rôle dans la mémoire procédurale, c'est-à-dire le souvenir de la façon d'accomplir des tâches physiques.
- L'amygdale est une structure du lobe temporal médian qui est responsable des émotions. Elle joue un rôle dans la mémoire émotionnelle, c'est-à-dire le souvenir des émotions que nous avons ressenties.
Il est important de noter que le cerveau est un système complexe et que les souvenirs ne sont pas toujours stockés de manière statique.
Ils peuvent être modifiés et mis à jour au fil du temps, et ils peuvent être influencés par nos émotions, nos expériences et nos croyances.
Lorsque nous cherchons à nous souvenir d'un événement, nous ne le faisons pas en récitant un récit figé.
Lorsque nous cherchons à nous rappeler un souvenir, nous replongeons dans les sensations et les émotions qui y étaient associées.
La pertinence de notre restitution de ce souvenir dépend :
- de l'intensité de l'expérience originelle,
- de la fiabilité des sensations et émotions qui y sont attachées,
- de la profondeur de notre plongée dans le passé
- et du temps que nous consacrons à notre effort de mémoire.
Les conditions de cette recherche (méditation de pleine conscience, hypnothérapie ou haptothérapie par exemple) influent également sur la qualité de la remontée de sensations et d’émotions enfouies ainsi que la remontée des souvenirs.
Certains souvenirs “insoutenables“, en effet, peuvent être profondément enfouis.
Ils ne nous reviennent alors que par bribes, imprécises et parfois incohérentes. C'est le cas, par exemple, pour les personnes souffrant d'amnésie post-traumatique.
Il faut d’ailleurs être vigilant à ne pas systématiquement tenter de faire remonter le souvenir des traumas les plus graves, car ils sont alors parfois plus difficiles encore à porter.
Et si le souvenir conscient d'un trauma a totalement disparu, il peut pourtant laisser des traces invisibles sous forme de peurs irrationnelles, de réflexes de défense ou de rejet.
- Un soldat ayant vécu la guerre peut se jeter à terre au son d'un pétard, rejouant inconsciemment un réflexe de survie.
- De même, une caresse douce peut déclencher un sentiment d'agression chez une personne ayant subi un abus sexuel.
Les souvenirs ne sont pas de simples récits. Ils sont une part intégrante de notre être, façonné par les sensations, les émotions et les images du passé.
L'exploration de ces souvenirs, à travers des thérapies adaptées, est essentielle pour guérir les blessures et avancer sereinement dans la vie.
Les thérapies psycho-émotionnelles
L'entretien thérapeutique classique, qui encourage le patient à verbaliser ses souvenirs et ses traumas, peut se heurter à ces limites. Les mots ne suffisent pas toujours à exprimer la complexité des sensations et des émotions enfouies.
Lorsque le mental (cerveau analytique ou “gauche”) est hors d’atteinte, il n’y a plus guère de “connexion” possible au patient, si ce n’est au travers du registre “émotionnel” (cerveau analogique ou “droit”).
C’est le cas pour les personnes souffrant, par exemple, d’un deuil ou d’une rupture amoureuse, de dépression, de TCA ou surtout de burnout ; celles-là mêmes qui, par leur attitude, semblent dire au thérapeute : « Parle à mon “corps”, ma tête est malade ».
Ces patients sont en effet peu accessibles aux “mots” qui semblent n’avoir plus de sens pour eux ou ne plus atteindre leur entendement. L’entretien thérapeutique conventionnel est alors pénible et improductif.
Ces patients restent en revanche souvent atteignables, accessibles au “lâcher-prise” et soignables à travers le registre “émotionnel”, en particulier, grâce à l’haptothérapie ou à la psychosomatothérapie, la danse, le yoga, l’art-thérapie etc… et autres activités mobilisant le corps et/ou la sphère émotionnelle, en particulier le “massage de pleine conscience” qui les ramène dans la bulle d’éternité de l’instant présent.
L’haptonomie en particulier, offre alors un outil complémentaire pour accéder aux souvenirs les plus enfouis et les apaiser. En état de semi-hypnose ou de veille modifiée, le patient est invité à se reconnecter à ses sensations corporelles et à revivre son expérience dans un environnement safe et bienveillant.
L'haptonomie (ou haptothérapie) se focalise sur le toucher et le contact corporel pour aider le patient à se reconnecter à ses sensations et à son corps (https://www.spring-medicare.fr/specialite/haptonomie-soin/)
D’autres thérapies psycho-émotionnelles peuvent parfois compléter les thérapies verbales, par exemple :
- L'hypnose : L'hypnose permet d'induire un état de conscience modifiée favorable à l'accès aux souvenirs refoulés et à leur traitement émotionnel.
- ou L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) : Cette thérapie utilise des mouvements oculaires ou des stimulations auditives pour aider à désensibiliser le patient aux souvenirs traumatiques et à les reprogrammer de manière plus positive.
Effets thérapeutiques des soins psycho-émotionnels
- Réduction du stress et de l'anxiété,
- Amélioration de la qualité du sommeil,
- Diminution des symptômes de la dépression,
- Augmentation de la confiance en soi,
- Meilleure gestion des émotions,
- Développement de la conscience de soi.
Bibliographie
Bessel Van der Kolk a publié en 2014 “The body keeps the score“: Brain, mind, and body in the healing of trauma, chez Penguin Books.
Cet ouvrage explore les effets du traumatisme sur le cerveau et le corps.
L'auteur propose des approches thérapeutiques pour guérir les blessures émotionnelles et physiques causées par le traumatisme.
Points clés : Le traumatisme peut altérer la structure et le fonctionnement du cerveau.
Le corps garde en mémoire les traces du traumatisme ; ce qui peut expliquer les symptômes physiques et émotionnels des personnes traumatisées.
Des thérapies comme l'EMDR et l'haptonomie peuvent aider à reprogrammer le cerveau et à guérir les blessures du traumatisme.
Joseph E. LeDoux a publié en 2003 “Synaptic plasticity and memory“ chez Nature Reviews Neuroscience, à New York.
Cet article examine les bases neurobiologiques de la mémoire et de l'apprentissage.
L'auteur explique comment la plasticité synaptique, la capacité des synapses à se modifier en fonction de l'expérience, est essentielle pour la formation de la mémoire.
Points clés : La mémoire est stockée dans le cerveau sous forme de réseaux de neurones. La plasticité synaptique permet aux synapses de se renforcer ou de s'affaiblir en fonction de l'activité neuronale.
Ce processus est essentiel pour l'apprentissage et la consolidation des souvenirs.
Par Philippe Lamy
Thérapeute systémicien (champ social, travail, couple), sexothérapeute, coach adultes HPi (TCA, emprise toxique, insomnies, troubles anxieux, burn-out, phobies etc.)
Workshops, formation, mentoring, supervision Fondateur de Spring-MediCare,
à Lyon le 16/02/2024