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Philippe Lamy

Thérapeute de couples, sexothérapeute

L’étrange rêve de Nicolas

Nicolas a 54 ans. C’est un homme réservé, sensible, empathique et à l’écoute. Il a été blessé ou déçu de multiples fois, mais il témoigne d’une bonne faculté d’adaptation et de résilience. Il endure les mini-blessures quotidiennes d’une relation conjugale dysfonctionnelle et globalement douloureuse, mais qu’il ne s’est pour le moment pas véritablement autorisé à imaginer rompre, pour de bonnes ou moins bonnes raisons. Il est en cure depuis près d’un an.

Mercredi matin il m’envoie un message assez tôt, il venait de faire un rêve et voulait me le raconter.

Nicolas a un sommeil agité et fait beaucoup de rêves désagréables ou anxiogènes. Il peine à les reconstituer et à les noter, tant les situations sont embrouillées ou incohérentes. Il en est frustré car il a le sentiment que ses rêves pourraient nous “révéler des choses” s’il savait les restituer. Et j’avoue souvent le décevoir.

Il lui arrive notamment dans ses rêves de ne pas ”se sentir à sa place”, voire ridicule, comme par exemple lorsqu’il est le seul homme d’âge mûr dans une assemblée de jeunes gens (cours à la fac en particulier).

Il lui arrive également de se retrouver sans pantalon ni sous-vêtements, à une réception ou à une cérémonie, tirant désespérément les pas de sa chemise pour cacher ses fesses. Il ne sait alors ni pourquoi il se retrouve dénudé, ni comment s’extirper de cette situation embarrassante. Ce sont des rêves assez figés, au cours desquels il n’a pas d’interaction véritable avec les autres protagonistes (ni reproches, ni huées). Il est simplement “gêné”.

Depuis quelques années, ce genre de rêves se reproduit souvent, mais avec d’infinies variantes et en des circonstances et des lieux différents. Ces rêves se terminent généralement en sursaut et un malaise le poursuit au réveil et parfois quelques heures après le réveil.

Enfant, il faisait souvent le cauchemar d’être poursuivi par la Mort, incarnée (si on peut dire) par un squelette ou par une momie ou encore poursuivi par un immense cheval au galop menaçant de l’écraser.

Ce fameux mercredi, Nicolas me demande par SMS un rendez-vous téléphonique en urgence car les détails de son rêve de la nuit passée sont précis. Il souhaite qu’on les décortique ensemble. Son message indique qu’il ne s’agit pas d’un rêve anxiogène ou pénible, mais au contraire d’un rêve agréable.

Voici son récit :

« Dans mon rêve, je fais partie d’une association ou d’un groupe de sages plus ou moins fermé (du genre templiers, Rose-Croix ou francs-maçons) et je dois passer une épreuve d’initiation ou d’intronisation (mon souvenir n’est pas précis sur le sujet). Ce rituel se passe dans une sorte de temple ou de grosse maison de pierre. Curieusement, les participants semblent me connaître et affichent une silencieuse bienveillance à mon égard. Ils sont vêtus de sortes de toges à la manière antique ou de draps d’étoffes de couleurs passées. Au cours des épreuves, on me pose nombre de questions, philosophiques, sur ma vie personnelle ou mes opinions. Après un moment, on me prie de me mettre nu et de me coucher à plat ventre sur le sol. Le contact du sol n’est pas froid et curieusement je ne me sens pas mal à l’aise. J’attends un assez long moment, sans impatience, entendant sans y prêter attention des chuchotements ou des bribes de délibérations.

Un peu plus tard – et sans pourtant y être invité – je me relève et me dirige machinalement vers une porte latérale du temple où je me retrouve rhabillé (sans que je me souvienne comment).

Une femme souriante me prend par le bras et me conduit à l’extérieur. Elle me dit : « Tu dois quitter le temple et revenir après en avoir fait le tour ». Elle m’entraîne dans une allée du vaste parc entourant le temple. Quelques instants plus tard, elle part au galop et je ne peux la suivre pour deux raisons : D’une part, parce qu’elle se retrouve mystérieusement à cheval et s’éloigne à grande vitesse et d’autre part parce qu’un taureau en liberté m’oblige à rebrousser chemin. Je contourne alors le temple sans m’en éloigner et, après un moment, j’y pénètre par une porte opposée, comme elle me l’avait suggéré.

À mon retour au temple, je suis entouré et accueilli comme un ami ou un frère. Je suis l’objet de mille compliments et gentillesses. Je me sens bien. J’ai le sentiment d’avoir été accepté comme je suis… voire POUR ce que je suis (et non pas MALGRÉ ce que je suis…).

Mon rêve s’arrête là, et c’est la seule nuit depuis des mois où je ne me réveille pas trop tôt ni angoissé ».

Interprétation

Il y a de multiples interprétations pour chaque symbole apparaissant dans un rêve.

Il est par exemple communément admis que le fait de se retrouver nu ou partiellement nu dans un rêve évoque le désagréable sentiment qu’on n’est pas à sa place ou qu’on est ridicule. La nudité dans ce contexte n’ayant pas nécessairement de connotation sexuelle.

Ce qui est intéressant dans le rêve de Nicolas, c’est qu’en l’espèce la nudité ne symbolise pas un “mal-être” mais, au contraire, le fait qu’il se sente à son aise, le corps ancré au sol et qu’il se présente dans sa vérité toute nue, signifie ainsi qu’il s’accepte (enfin) et qu’il s’aime tel qu’il est.

En second lieu, Nicolas qui – enfant – présentait une terrible phobie de la mort (sous toutes ses représentations (squelette, écorché momie… voire animal furieux menaçant sa vie) est ici confronté à un taureau qu’il sait contourner pour reprendre son chemin. Il montre ainsi qu’il a atteint une confiance en lui et en la vie qui lui permettent d’avancer sans peur.

Je fais part de cette interprétation sommaire et tâtonnante, de son rêve, à Nicolas et celui-ci me déclare :

« Je ne suis pas sûr que les angoisses m’aient définitivement quitté, mais j’ai comme l’impression que des choses se sont remises en place, en moi, grâce à ce rêve… à moins que ce rêve n’ait été possible que parce que je vais mieux. Et si ce rêve était un message que m’envoie mon inconscient pour me dire que je vais mieux. Je sens de la bienveillance autour de moi et, à mon tour, je me sens d’une grande bienveillance envers le monde et envers moi… et d’une grande sérénité aussi.

S’agissant en particulier de cet état de guerre permanent que représente la cohabitation avec ma femme, je me rends compte que, certes, elle est froide et souvent dans le reproche vis-à-vis de moi ; mais ce que je ressentais jusqu’à présent comme des violences ou des blessures quotidiennes n’est peut-être que sa manière à elle d’exprimer ses propres blessures, sa propre tristesse, son propre stress ou sa frustration. Il pourrait ainsi m’appartenir de prendre cela comme des signes de son propre malheur et entrer dans une logique de compassion et de bienveillance, là où je ne fais jusqu’à présent que serrer douloureusement les dents et m’enfermer dans ma peine ou me retrancher dans le silence… voire le reproche.

Je sais que je ne la changerai pas, mais il m’appartient de modifier mon propre éclairage de ces violences et de changer vis-à-vis d’elle… ou d’avoir le courage de rompre cette relation toxique ».

J’aimerais être aussi confiant que Nicolas quant au fait qu’il soit guéri. J’espère a minima qu’il a franchi une étape décisive dans son processus de développement personnel.

Il n’est cependant pas rare que notre évolution ne soit pas linéaire et qu’il nous faille refaire un pas en arrière pour deux pas en avant.

Philippe Lamy

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