Sensualité et inconscient collectif
Dans l’inconscient collectif, c’est-à-dire dans la morale bourgeoise occidentale en particulier, la sensualité et l’exercice d’une activité amoureuse physique relèvent du champ strictement privé et d’une relation interne en couple. Pour autant, l’accès à la sensualité et à une activité amoureuse est tacitement toléré pour les célibataires, si toutefois ils l’exercent dans la plus grande discrétion.
La sensualité comme besoin vital
Pour beaucoup la tendresse, la sensualité, l’amour correspondent à un besoin vital, dont l’abandon (passager ou définitif) s’accompagne d’une frustration, d’une souffrance et même d’une atteinte à leur propre image d’eux(elles)-mêmes, dès lors qu’ils (ou elles) se sentent ainsi souvent indignes d’être aimé(e)s et désiré(e)s.
Certain.e.s patient.e.s évoquent leur recours aux plaisirs solitaires et pour certain.e.s à la consultation régulière de vidéos pornographiques. Mais – dans un contexte hétéronormé – ce sont les hommes qui l’avouent le plus simplement (et chez qui cette pratique est la plus naturelle, tant l’image est un support important dans la fantasmagorie masculine).
L’absence de pratiques sexuelles
J’ai été ainsi conduit à m’interroger sur les raisons pour lesquelles, malgré ce besoin vital de sensualité amoureuse, tant de personnes seules ou en couple se tiennent éloignées de toute pratique sexuelle à deux (ou plus) au péril de leur équilibre émotionnel et biologique.
Les raisons me paraissent multiples :
D’une part, la morale judéo-chrétienne semble vouloir nier les attirances reptiliennes et les besoins biologiques de notre organisme, seulement tolérés dans le cadre de couples officialisés… et encore à condition qu’ils n’en parlent pas.
S’entendrait-on déclarer au bureau, devant la machine à café, à ses collègues : « J’ai passé une nuit de fou, on a fait l’amour trois fois et j’en suis tout(e) retourné(e) » ou encore « Il (ou elle) m’a fait ci ou encore ça et j’ai joui comme une bête » ? Non, bien sûr ! Mais pourquoi ?
Le paradoxe est total, lorsqu’on considère que « se faire du bien » est tout à fait admis lorsqu’il s’agit de gastronomie. Et les guides gastronomiques, les émissions sur la bonne bouffe, comme les articles des magazines consacrés à cette matière, en sont une preuve… (même si les média – et parfois les mêmes d’ailleurs – nous incitent également à la schizophrénie en nous ventant les mérite du ventre plat avant l’été).
L’épanouissement du corps et de l’esprit
Pourtant, notre bonne santé psychique et physique passe par un épanouissement du corps, que ce soit à travers le sport ou à travers l’exercice de pratiques amoureuses, tout aussi nécessaires à notre bon métabolisme qu’à nous procurer ces hormones de la récompense dont notre corps a besoin, que pour nous conserver une bonne image de nous-mêmes dans le regard de l’autre.
Une explication de la difficulté grandissante, pour les personnes vivant seules, d’entrer en relation avec d’autres personnes est probablement également la diabolisation de l’image de l’homme dans le regard féminin (cf. #BalanceTonPorc ou #MeToo) et l’immense difficulté à se positionner qui en résulte dans l’esprit des hommes, du fait d’une grande difficulté à se positionner hors d’un patriarcat ancestral hétéronormé. Lire la suite
Pourtant, ce besoin vital de sensualité existe. Que faire alors ?
Si l’on apprenait que notre eau potable est contaminée par une erreur humaine ou un acte malveillant (contamination chimique ou bactériologique) que ferait-on ? On tenterait alors de se procurer de l’eau en bouteille… mais si cette eau-même était suspecte ou rare, se résignerait-on à imaginer qu’on peut cesser de boire ? En savoir plus
Mais même au sein de couples apparemment harmonieux et aimants, il existe parfois de bonnes ( ?) raisons de déserter le champ de la sensualité. Si les deux s’en accommodent (comme c’est souvent le cas dans les couples âgés) tout va bien, mais tel n’est pas toujours le cas. Il existe d’ailleurs une importante proportion de couples de quarante ans qui ont déjà déserté le champ de l’amour physique.
Philippe Lamy
Suite : L’érotisme sacré
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