Vaincre les crises d'angoisse et de panique
Gérer la souffrance a la manière des stoïciens
La philosophie stoïcienne postule que la sagesse est l’apanage de celui qui se soumet aux lois de la nature avec résignation et dignité et laisse passer la douleur au travers de son corps sans révolte. Certains stoïciens allaient même, dit-on, jusqu’à se broyer un genou dans un étau, voulant montrer que « la douleur n’est qu’une tension contre laquelle le commun s’insurge » mais que le sage qui l’accepte domine paradoxalement sa souffrance en cela même qu’il s’y soumet. L’insoutenable violence d’un tel traitement – librement accepté et vécu dans la pleine conscience de l’instant présent – n’étant supportable qu’à cette condition. Prétend-on refuser cette vague d’atroce douleur que le cerveau y ajoute la folle pensée anxiogène du caractère irréversible d’une telle action et ses suites morbides.
Surmonter la douleur physique
Pour certains penseurs anciens et moderne, la seule façon d’activer le « mode survie », c’est de tenter de court-circuiter le mental pour s’abandonner, sans résistance, à la vague du ressenti de la souffrance en pleine conscience (on pourrait comparer cette posture face à la douleur à celle du roseau de la fable de La Fontaine, face à la tempête, qui plie mais ne rompt pas).
Nota : Ce que je nomme ici le mental, c’est ce qu’il est largement convenu de nommer « cerveau gauche » ; c’est-à-dire l’hémisphère de la raison, de la morale (et des injonctions sociétales), de la Loi, du langage, de la pensée spéculative (philosophique, scientifique, technique etc.) du souvenir comme du projet. Ce « cerveau gauche », censé traiter l’abstraction en générale, lorsqu’il est en surchauffe ou en souffrance, est surtout le siège du ressassement du passé et de l’angoisse du futur).
La sagesse des disciples de Zénon, d’Épictète et autres stoïciens représente une source d’inspiration pour affronter ces douleurs auxquelles nous ne savons pas nous dérober. Aujourd’hui – et dans un monde occidental relativement épargné par la barbarie, la guerre, la famine ou la maladie – les plus graves souffrances physiques sont plus ou moins atténuées par une pharmacopée d’un large spectre (sédatifs, anesthésiques etc.). Mais nombre de souffrances et de douleurs résistent encore à l’allopathie, notamment certaines souffrances psychologiques.
Combattre les souffrances psychologiques
Les souffrances dites psychologiques sont celles qui n’ont pas de fondement dans la pleine conscience de « l’ici et maintenant », mais seulement dans les pensées du cerveau gauche, censé nous alerter sur un danger, une menace, en sorte de nous inviter à agir en conséquence. Ces pensées sont moulinées dans notre cerveau gauche qui joue pleinement son rôle s’il n’est pas saturé de stress et/ou d’information qui le conduisent à l’emballement et en particulier à ressasser vainement des blessures ou échecs passés ou à spéculer sur un futur anxiogène. C’est en particulier le cas lorsque notre cerveau est saturé par le stress, par des injonctions multiples (et notamment de performance et le sentiment d’échec qui l’accompagne souvent), par l’ennui, le burn-out, la précarité matérielle, le deuil, les ruptures amoureuses, par les souffrances liées à la maladie, comme au grand âge. Cette souffrance mentale est souvent la pire… et surtout elle s’ajoute aux souffrances physiques, ainsi qu’aux symptômes physiques de l’angoisse ou de la panique qu’elles amplifient.
Le cerveau gauche active alors un processus complexe – habituellement censés nous alerter quant à l’urgence d’agir pour nous soustraire à une situation de menace ou de danger – mais parfois seulement au séisme émotionnel et physiologique de la panique elle-même… et à son cortège de diarrhées, hyperventilation, accélération du rythme cardiaque pessimisme extrême, sentiment d’être « au bout de sa vie » et d’étouffement, nausées etc.). C’est alors, si on peut dire, « le serpent qui se mord la queue », car le cerveau se défend de son propre emballement et de ses conséquences physiologiques par une fuite en avant souvent difficile à apaiser soi-même ou à juguler chez un patient. Or, tout comme les stoïciens abordaient la souffrance physique, les souffrances mentales se soignent également par une posture volontaire de mise à distance des délires anxiogènes du mental (cerveau gauche), en s’installant dans l’ici et maintenant (cerveau droit) et dans l’acceptation de la peur, du stress, de l’angoisse ou de la panique. Leur vague doit alors être acceptée et vécue en pleine conscience pour s’abandonner et se laisser rouler par la vague des sensations et des émotions de l’instant présent, jusqu’à les ressentir en plein conscience, voire tenter de les objectiver au point de faire l’effort de se les décrire mentalement minute par minute, ce qui peut permettre d’écarter celles qui ne sont pas concrètes et objectives (mais ne relèvent que du ressassement du passé ou de spéculation sur un futur anxiogène). Cette description mentale des affres de la souffrance peut aller jusqu’à s’extraire mentalement de son corps pour se poster au-dessus de celui-ci et dans un coin de la pièce, comme le ferait un observateur extérieur. Un praticien, par exemple, qui se voudrait discret et qui s’emploierait à un examen clinique du patient, décrivant chaque symptôme observable, dans le détail le plus exigeant. Pour autant qu’on y parvienne, cette démarche ancrée dans le présent est de nature à éloigner le sujet de ses spéculations anxiogènes : « Les secours vont-ils bientôt arriver ? Vais-je résister ? Vais-je mourir ? Vais-je revoir ma famille ? La vie vaut-elle d’être vécue dans de telles souffrances ? etc. ». Cette démarche parait singulière, voire irréaliste, mais je l’ai employée à titre personnel et préconisée avec succès.
Nota : Ce que je nomme « cerveau droit », c’est l’hémisphère cérébral droit censé gérer le ressenti immédiat des perceptions sensorielles de toute nature, bonnes et mauvaises et les réactions instinctives induites par celles-ci. Le « cerveau droit », est ainsi celui de l’instant présent, de la réalité tangible et du concret, de l’instinct ou de l’intuition. Il est bien sûr en perpétuel dialogue et interaction avec son frère jumeau, le cerveau gauche. Ainsi, une personne équilibrée est une personne qui n’est ni totalement agie par son cerveau gauche (c’est-à-dire dans l’ignorance de ces besoins immédiats) ni une personne seulement agie par son cerveau droit (c’est-à-dire une personne écervelée qui ne pense qu’à jouir de l’instant présent, sans capacité de prévoir ou de construire, comme la cigale de la fable de La Fontaine).
Accéder au lâcher-prise
Mais il est souvent difficile aux sujets chahutés par l’emballement du manège de leur cerveau gauche, d’atteindre à un véritable lâcher-prise et à la plénitude d’un relatif apaisement, ne serait-ce que pour quelques instants, sans recours aux techniques de méditation, d’autohypnose, au yoga, au sport ou à toute aide externe pour se reconnecter à son corps et à la pleine conscience de ses sensations du moment… fussent-elles douloureuses.
Nota : Ce que j’appelle le lâcher-prise, c’est notre aptitude à desserrer l’étau des injonctions et spéculations du cerveau gauche, pour se laisser aller à la perception en pleine conscience de l’instant présent, en tentant de saisir le bien-être des perceptions sensorielles positives (musique, yoga, nage, danse, sport, marche, gastronomie, massage, sexe etc.).
Dans certains cas, les thérapies psychocorporelles peuvent prendre le relai ou guider cette tentative des sujets en souffrance d’échapper au stress et aux angoisses de leur cerveau gauche pour s’abandonner aux sensations et émotions de l’instant présent en pleine conscience grâce à un véritable lâcher-prise (cerveau droit).
On peut à bon droit imaginer que, suivant les espèces, le cerveau droit et le cerveau gauche soit plus ou moins prépondérants ou opérationnels. Le poisson rouge est ainsi probablement davantage agi par son cerveau droit que par son cerveau gauche… si toutefois il en possède seulement un ! Et Homo Sapiens, quant à lui, présente un large spectre d’individus tentés par l’abstraction et la négation de leur nature animale. Au nombre de ceux-ci, on trouve les philosophes et penseurs tentés pas l’ascèse, les spéculateurs, les avares, les personnes sous l’emprise d’injonctions multiples (et notamment de performance), les stressés ou déprimés de tout poil, les personnes en deuil etc. sans oublier les sujets dits à haut potentiel intellectuel (ou philo-cognitifs).
Parmi les techniques pour rééquilibrer les hémisphères cérébraux ou pour apprendre à lâcher-prise, je citerai :
- Pour les sujets dits à haut potentiel intellectuel (ou philo-cognitifs), une prise \ de conscience du fréquent emballement de leur cerveau gauche ;
- Pour les sujets présentant des douleurs et souffrance de toute nature (neuropathies, douleurs \ psychosomatiques, stress, anxiété etc.) les thérapies psychocorporelles ;
- Pour les cas extrêmes de souffrance mentale et d’emballement du \ cerveau gauche, la contention qui contribue mécaniquement à la régulation \ respiratoire / cf. Contention et Lâcher-Prise ;
- L’autohypnose et les exercices de contrôle respiratoire visant à ralentir l’affolement du patient (rythme respiratoire et cardiaque) ; \ ces derniers regroupés sous le vocable de contrôle de la cohérence (ou résonance) cardiaque. Cette méthode qui procède d’un contrôle respiratoire agit sur la synchronisation de l’activité des systèmes nerveux sympathique et parasympathique. C’est une technique de relaxation et de rétroaction biologique fondée sur une respiration contrôlée et rythmée visant à accroître la \ variabilité de la fréquence cardiaque régulée par le système nerveux autonome. Cette respiration contrôlée est ainsi une méthode de gestion du stress, de l’anxiété et des émotions améliorant de surcroît la concentration. Elle contribue au traitement de troubles dépressifs, les états anxieux etc. Ces exercices dirigés ou en autocontrôle sont bien expliqués par le Dr. Zaczyk; psychiatre à Paris. L‘hypothèse du Dr. Christian Zaczyk, c’est que le souffle est le lien entre notre corps et notre mental et qu’en reprenant notre empire sur notre respiration, nous pouvons contrôler nos crises d’angoisse. Dr. Christian Zaczyk; dénonce ainsi la prescription d’anxiolytiques et d’anti-dépresseurs systématique. Il développe ainsi une méthode thérapeutique du trouble anxieux qui postule que les crises d’angoisse et les attaques de panique ne sont pas seulement d’essence psychologique. Il les traite comme un phénomène ne nature complexe qui requiert une approche spécifique, holistique et bienveillante. Pour le Dr. Zaczyk une crise est toujours associée à des symptômes physiques tangibles : par exemple douleurs thoraciques, vertiges, palpitations, étouffement, tremblements, maux de tête, nausées, etc. Et c’est d’abord à travers le traitement desdits symptômes qu’il entend juguler et apaiser les crises. En savoir plus sur la manière du Dr. Zaczyk de gérer les accès de panique et vaincre les crises de panique.
- Enfin, on pourrait résumer les choses de manière plaisante en disant que le problème de la douleur – comme du stress – ce n’est pas seulement que ça fait mal, mais surtout que bien souvent ça fait peur ! Prenons l’exemple d’une petite douleur à la poitrine. Qui n’a jamais ressenti ce genre de léger pincement… en réalité peu douloureux mais qui vous fait craindre un incident cardiaque ? La douleur en elle-même, à 0.5 sur une échelle de 1 à 10, peut parfois produire un stress de niveau 9, sur une échelle de 1 à 10, à cause des spéculations mentale quant aux menaces que pourrait signifier cette douleur, alors même que, dans 99% des cas, il ne s’agit que d’un simple un pincement intercostal. Ainsi, quand le stress, l’anxiété ou même la panique (pensées anxiogènes) produit le processus physiologique de crise évoqué plus haut (que le lecteur aura déjà compris et acté), si celui-ci désire vraiment se débarrasser des pensées anxiogènes qui l’entretiennent et l’amplifient, il doit à tout prix tenter de rebasculer dans son cerveau droit (celui du concret et de l’instant présent) pour se concentrer en pleine conscience sur ce qu’il éprouve et ressent dans sa chair, minute par minute (symptômes). Il se détournera alors des pensées anxiogènes qui ont amené la crise. Ce mécanisme n’est pas compliqué à comprendre ; ce qui l’est davantage, c’est de l’appliquer le moment venu. Le combat alors à mener n’est en effet pas si simple et il demande de l’entrainement et de la préparation… comme tous les combats, d’ailleurs. Et c’est en répétant les exercices respiratoires (en pleine conscience => cohérence cardiaque), hors contexte de crise, qu’on parvient un jour à en diminuer l’intensité, puis à les faire cesser. Alors entraînez-vous, si vous êtes sujet.e à ces crises, voire même seulement aux insomnies et à l’anxiété ordinaires.
- – Enfin, j’inciterai particulièrement les sujets dits à haut potentiel intellectuel (ou philo-cognitifs), à une prise \ de conscience du fréquent emballement de leur cerveau gauche capable de générer anxiété, insomnies et panique ;